LA « FAUVETTE D’AUXERRE ».
Marie Noël ( 1883-1967) est une poétesse célèbre née à Auxerre où elle est restée toute sa vie.
Ses « notes intimes » constituent un journal de bord de presque quarante ans, du lendemain de la première Guerre mondiale jusqu’en 1958.
Elle se confie pour « s’aider » à trouver cette paix intérieure qui lui manque tant et noter toutes ses expériences et rencontres qui lui permettent de traverser les ténèbres du doute et de la solitude. Son humour parfois grinçant mêlé à la douce mélodie de son écriture poétique l’ont fait surnommer « la fauvette d’Auxerre ». Le chant de la fauvette est un babil mélodieux mais puissant avec fréquemment une introduction grinçante souvent en sourdine.
Elle entretient une correspondance abondante avec Montherlant qui estime qu’« elle est pour moi, le plus grand poète vivant », mais aussi avec Cocteau, Colette, Mauriac. Elle échange longuement avec le célèbre abbé Mugnier, confesseur du « Tout-Paris », qui l’invitera à se consacrer à l’écriture avec ce mot merveilleux : « Résignez-vous, vous avez du génie ». Il est également à l’origine de ce journal de bord destiné à « l’aider » elle-même en premier lieu, ainsi que ses lecteurs.
Considérée comme une grande mystique, son procès en béatification en tant que « servante de Dieu » est en cours. Elle est morte la veille de Noël 1967.
Entre autres distinctions, elle a reçu, en 1960, la Légion d’honneur des mains du général de Gaulle et, en 1962, le grand prix de poésie de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre. Elle a enfin et surtout suscité la ferveur des gens simples qui étaient sensibles à sa manière de faire « resplendir » la vie quotidienne.
Quatre saisons d’une vie, rythmée par la belle sonate Arpeggionne de Franz Schubert qu’elle affectionnait particulièrement et par quelques poèmes et histoires amusantes extraits d’autres ouvrages. Nous souhaitions la faire revivre dans son intimité, à sa table de travail, et au cours de ses promenades avec son manteau, son chapeau sa célèbre écharpe bleue et sa canne immortalisés par la célèbre statue d’Auxerre.
Quatre saisons pour apprendre à la connaître et à l’aimer.
Sa formation commence à l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du
Théâtre( « Rue Blanche ») et se poursuit au Conservatoire National Supérieur d’Art
Dramatique où elle fait ses classes avec entre autres Pierre Vial, Antoine Vitez et
Marcel Bluwal.
Au théâtre, elle débute rapidement avec Jacques Lassalle, Marcel Bluwal, Gilles
Chavassieux, Ivan Morane, Gilles Guillot, Guy Freixe, Bernard Murat… autant dans
le répertoire classique français, Molière, Corneille,Racine, Hugo, Flaubert, que
Shakespeare, Goldoni, Machiavel, Brecht que dans le répertoire contemporain,
Minyana, Sebastian Barry, Eric-Emmanuel Schmitt .Distinctions théâtrales
– Nomination aux « Molières » pour « Le Libertin » d’ Eric-Emmanuel Schmitt .mise en scène Bernard Murat.
– Prix « Suzanne Bianchetti » de la SACD pour « Fin d’été à Baccarat » de Philippe Minyana. Mise en scène Gilles Guillot et «Le libertin ».
A la télévision, elle tourne avec Jean Daniel Verhhaegue, Gérard Vergez, Elisabeth Rappeneau, Marcel Bluwal, Laurent Jaoui, Alain Berliner, Christian Faure, Fabrice Cazeneuve… Elle devient parallèlement récurrente dans la série « Plus Belle La Vie ».
Au cinéma elle tourne avec Manuel Poirier (« Marion ») Jean Becker (« Les enfants du marais ») , Nicole Garcia( « Place Vendôme »), Gérard Jugnot ( « Monsieur Batignolle »), Jean Pierre Améris (« Poids léger »), Olivier Dahan ( « La Môme »),
Vincent Pérez (« Peau d’ange »), Michel Blanc ( « Je vous trouve très beau ») mais aussi avec des réalisateurs étrangers comme Laurence Kasdan (« French Kiss ») ou Lasse Hallström (« Le chocolat »).
Distinctions cinématographiques
– prix « Suzanne Bianchetti » de la SACD pour « Marion » de Manuel Poirier
– prix « Jean Carmet » pour « Poids Léger » de Jean Pierre Améris
Professeure d’art dramatique au « Centre des Arts de la Scène » puis à « l’Entrée Des Artistes » d’Olivier Belmondo pendant une vingtaine d’années.
Metteure en scène
– « Nos otages » de Dominique Chryssoulis
– « Promenade de santé » de Nicolas Bedos
Auteure de pièces de Théâtre :
– « Frère Soleil » sur saint François d’Assise
– « Le Cantique des cantiques »
– « Libres et Passionnés » Sur Juliette Drouet et Victor Hugo.
André OBADIA
Diplômé des Universités de Vincennes et Saint-Denis en Arts du spectacle, des Cours Florent et de l’ENSATT (rue blanche), il a multiplié les expériences artistiques depuis 40 ans.
– Metteur en scène, acteur au théâtre entre autres avec Robert Hossein, Michel Favory, Jérome Savary, Jean-Marie Lecoq, Agnès Boury.
– Au cinéma, il a tourné avec Claude Lelouch, Robert Hossein, Sergio Gobbi, José Pinheiro, Didier Kaminka, Andrzej Zulawski …
– A la télévision avec Marion Sarraut, Jacques Espagne, Bruno Gantillon, Daniel Wronecki, Jean-Luc Miesch , Marc Angelo, Laurent Levy, Jean-Roger Cadet, Denis Berri …
– Professeur d’Art Dramatique à L’Ecole de Théâtre Les Enfants Terribles ou au Studio Alice Dona, co-fondateur en 1999 avec Anne Dorr et Pascal Josephe de l’Atelier de Training et Coaching d’Animateur (ACTA).
LA CONJURATION DE L’AMITIÉ
Les « notes intimes » et quelques textes de la poétesse Marie Noël n’auraient eu aucune chance d’aboutir ici, sans la conjuration de l’amitié.
Lors du premier confinement, un ami comédien devenu prêtre me confie, l’air de rien, ce livre.
Un peu rebelle à l’égard des religions, je décide mollement de le lire quand même, et là…Je tombe « en amour » de ces « notes intimes » où je retrouve avec un immense plaisir ce type de femmes qui a accompagné toute ma vie personnelle et professionnelle.
Ces « grandes-petites dames », poètes par nature, que le mot humour évoque si bien , mot qui commence comme humilité et finit par amour et dont la réelle et discrète dignité, pétrie d’espièglerie ont fait la saveur de rencontres sur des tournages ou dans la « vraie vie », Gisèle Casadesus, Suzanne Flon, Judi Dench, Jeanne Moreau… ma mère aussi…et tant d’autres qui m’ont permis de ne pas trop me perdre et d’avoir l’audace de rechercher en toutes choses la liberté malgré les embûches. C’est à ces femmes extra-ordinaires, rares, que je tiens à rendre hommage ici, avec une immense gratitude.
André Obadia, qui assure la mise en scène, est lui aussi un ami de longue date, du temps du Conservatoire National d’Art Dramatique et de l’école de la Rue Blanche que je retrouve ici avec le même bonheur.
Marie Catherine Conti fait également partie de ces femmes « rares » dont l’expression artistique et l’amitié ont accompagné tous mes questionnements.
Puisse Marie Noël vous toucher également. Comme un « clin d’œil » bienvenu en ces temps d’incertitude, un « clin Dieu » qui nous réconcilie avec nous-mêmes.
Elisabeth COMMELIN